

Oubliez tout ce que vous pensiez savoir sur le dessert estival. Loin des sentiers battus de la vanille-fraise ou du chocolat-pistache, une nouvelle vague de fraîcheur déferle sur nos tables. Imaginez la douceur juteuse et désaltérante de la pastèque, ce fruit emblème des journées ensoleillées, qui rencontre le caractère salé, la texture friable et la légère acidité de la féta. Un mariage improbable ? Une hérésie culinaire ? Que nenni. C’est une révélation, une expérience gustative qui bouscule les codes et réveille les papilles. Cette glace pastèque-féta n’est pas simplement un dessert, c’est une déclaration d’audace, une invitation à explorer la frontière fascinante entre le sucré et le salé. Préparez-vous à surprendre vos convives et à redéfinir votre concept de la gourmandise glacée avec cette recette express qui deviendra, à n’en pas douter, votre signature de l’été.
20 minutes
30 minutes de turbinage + 4 heures de réfrigération
facile
€
La préparation des fruits du soleil : Commencez par choisir une belle pastèque, dense et lourde, signe qu’elle est gorgée d’eau et de sucre. Tranchez-la avec précaution et prélevez 500 grammes de sa chair rouge vif. La mission, si vous l’acceptez, est de la débarrasser de tous ses pépins, même les plus petits, pour garantir une texture finale parfaitement lisse. Coupez ensuite cette pulpe en cubes grossiers.
L’union des contraires : Dans le bol de votre blender, déposez les cubes de pastèque. Émiettez par-dessus les 150 grammes de féta. N’hésitez pas à la choisir de bonne qualité, au lait de brebis si possible, pour un goût plus authentique et moins agressivement salé. Ajoutez ensuite le sucre en poudre et le jus de citron fraîchement pressé. Ce dernier est essentiel : son acidité va non seulement équilibrer le sucre mais aussi agir comme un exhausteur de goût, faisant ressortir les saveurs de la pastèque.
La naissance de l’émulsion : Mixez le tout à pleine puissance pendant une à deux minutes. Ce que nous cherchons à obtenir ici, c’est une émulsion, c’est-à-dire un mélange homogène et stable entre les éléments aqueux de la pastèque et les matières grasses de la féta. La préparation doit devenir parfaitement lisse, veloutée, d’une jolie couleur rose poudré, sans le moindre grain de féta visible. C’est le secret d’une glace onctueuse.
L’heure de la dégustation critique : Une fois le mélange lisse, c’est le moment crucial. Prélevez une petite cuillère et goûtez. Est-ce assez sucré à votre goût ? Le sel de la féta est-il bien balancé ? Manque-t-il une pointe d’acidité ? C’est maintenant que vous pouvez ajuster l’assaisonnement. Un peu plus de sucre si la pastèque n’était pas très mûre, une goutte de citron en plus pour le peps. Faites confiance à votre palais.
Le grand froid, première partie : Versez votre appareil à glace dans un récipient hermétique ou un saladier que vous couvrirez de film alimentaire au contact. Filmer au contact signifie que le film plastique doit toucher directement la surface de la crème pour éviter qu’une petite peau ne se forme. Placez le tout au réfrigérateur pour un minimum de quatre heures. L’idéal est même une nuit entière. Cette étape de maturation et de refroidissement est capitale : une préparation bien froide prendra beaucoup plus vite et mieux en sorbetière, ce qui limitera la formation de gros cristaux de glace.
Le tourbillon magique de la sorbetière : Assurez-vous que le bol de votre sorbetière a bien passé au moins 12 à 24 heures au congélateur pour être à la bonne température. Sortez votre appareil à glace bien froid du réfrigérateur, donnez-lui un dernier coup de fouet pour l’homogénéiser, puis versez-le dans la sorbetière en marche. Laissez la magie opérer. Le processus de turbinage, qui consiste à refroidir le mélange tout en l’agitant, va durer entre 25 et 40 minutes selon votre machine. La glace va progressivement s’épaissir et prendre sa consistance crémeuse.
La touche finale avant le service : Lorsque la glace a la consistance d’une glace à l’italienne souple, coupez la machine. Transférez-la à l’aide d’une spatule dans un bac à glace et placez-la au congélateur pour au moins deux heures. Cette dernière étape, appelée le sanglage, va permettre à la glace de durcir suffisamment pour pouvoir former de belles boules bien fermes.
Et si je n’ai pas de sorbetière ? Pas de panique, l’audace ne vous est pas interdite ! Vous pouvez réaliser une version « granité » tout aussi délicieuse. Pour cela, versez votre préparation (étape 5) dans un plat large et peu profond. Placez-le au congélateur. Toutes les 30 à 45 minutes, pendant environ 3 heures, sortez le plat et grattez vigoureusement la surface avec les dents d’une fourchette pour briser les cristaux de glace qui se forment. Vous obtiendrez une texture plus cristalline mais incroyablement rafraîchissante, parfaite pour une dégustation à la petite cuillère lors d’un après-midi de canicule.
Le caractère salé-sucré de cette glace appelle une boisson qui saura dialoguer avec elle sans l’écraser. Pour une version alcoolisée, osez un vin rosé de Provence, bien sec et minéral. Ses notes de petits fruits rouges et sa fraîcheur feront écho à la pastèque tout en tranchant avec le gras de la féta. Un Moscato d’Asti, légèrement pétillant et peu sucré, peut aussi créer une alliance surprenante et festive. Côté sans alcool, l’évidence est une limonade maison infusée à la menthe fraîche. Son acidité et son parfum herbacé apporteront une troisième dimension à la dégustation. Une simple eau pétillante avec quelques rondelles de concombre et une tige de romarin est également une option d’une grande élégance.
Ce dessert peut sembler avant-gardiste, mais il puise en réalité ses racines dans une association bien connue des tables méditerranéennes et moyen-orientales : la salade pastèque-féta-menthe. Ce classique des mezzés et des entrées d’été joue déjà sur ce contraste saisissant qui fait son succès. En transformant cette salade en glace, on ne fait que la réinterpréter, en changeant sa texture et sa température pour la propulser dans l’univers du dessert. C’est une forme de déconstruction culinaire, un jeu qui consiste à prendre les éléments d’un plat connu et à les présenter sous une forme nouvelle et inattendue. L’ajout de sel dans un dessert n’est pas anodin ; il agit comme un exhausteur de goût naturel. Il diminue notre perception de l’amertume et surtout, il intensifie notre perception du sucre. C’est pourquoi une pincée de fleur de sel sur un caramel ou une mousse au chocolat fait des merveilles. Ici, le sel intrinsèque de la féta joue ce rôle à la perfection, rendant la saveur de la pastèque plus intense et complexe.